Depuis plusieurs années, je m’intéresse à une forme d’abstraction picturale où la dimension matérielle et physique de la peinture sont primordiales. En effet, la manière d’appliquer la couleur ainsi que celle d’organiser la composition du tableau ( sur panneau de cuivre,sur toile, sur panneau de bois, sur papier ou sur carton) ou d’une sculpture de céramique donnent une corporalité au matériau de la peinture à l’huile. J’opte pour des couleurs vives et contrastantes, les plus éblouissantes que la nature peut offrir. Au premier abord, la méthode de travail ainsi que la temporalité du faire semblent cachées. Mais les tableaux, construits par d’épaisses couches de peinture à l’huile, appliquées successivement au pinceau ou à la palette, ont des fissures colorées qui montrent la présence de toutes les applications précédentes. Des filets de peinture apparaissent aussi sur les bords du cadre. La surface de chaque tableau présente alors la temporalité de sa construction, ses textures et l’aura des multiples couches de couleurs. Dans leur matérialité même, les œuvres portent aussi une véritable dimension émotive qui a engendré leur création. Chaque série de tableaux découle de séries antérieures. Bien qu’il existe toujours des différences marquées entre elles, l’œil arrive à percevoir, à même les formes, les couleurs ou les textures, une filiation visuelle.